Ce projet est en lien avec les zones incertaines de ma mémoire. En partant d’anciennes et minuscules photos familiales, j’ai souhaité les photographier à nouveau et tirer ensuite de grand tirages argentiques que j’ai une nouvelle fois photographié en numérique, marquant ainsi le passage du temps, tant photographiquement que temporellement.
En conservant l’impact et les traces du temps sur ces anciens tirages, en instaurant des zones de flou, des blancs voilés d’où émergent, de façon distordue et incomplète, les visages, j’ai voulu exprimer le sentiment de confusion qui m’habite par moment.
Les blancs, comme un effet naturel, comme une vapeur, sont synonymes pour moi de l’oubli, du rien mais aussi du tout. Ces visages sont-ils révélés ou cachés? Enigme ou enveloppe, comme un voyage ailleurs, dans l’au-delà, métaphores des rencontres heureuses et douloureuses, destinées à la reconnaissance et à la mémoire…ou à l’oubli.
Les regards sont comme suspendus et ramenés à la lumière par mon propre regard, qui l’espace d’un instant, les contemple, les cherche et par moment les reconnaît. Pendant ces instants magiques, silencieux, j’ai la sensation de ressentir encore plus intensément le temps qui passe.